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J’ai été partagée toute ma carrière entre ski et études pour combattre cet épouvantail… et je pense que c’est véritablement le plus dur à concilier pour un athlète et le sacrifice le plus gros à concéder que de choisir son parcours sur ce terrain miné; notre sport et notre ambition nous demande de créer un réservoir de qualités physiques et mentales le plus complet possible pour pouvoir puiser au maximum les ressources disponibles le jour J.

Comment accepter alors de préparer un examen lorsque nous savons que le temps imparti à cette tâche est un moment perdu et irrécupérable pour notre projet sportif ? D’un autre côté, nous savons qu’une carrière est si fragile et aléatoire que nous ne pouvons pas nous permettre de nous retrouver « sans rien » au moment où nous basculons dans la « vraie » vie.

 Mais si cette carrière est si brève, ne faut-il maximiser ses chances de la réussir et se concentrer à 100% sur son projet sportif ?? Mais si la pensée de me blesser et devoir mettre un terme à ma carrière « sans rien » m’angoisse tant, ne faut-il pas que j’y concède du temps pour me sentir apaisée et compter alors ce temps comme un facteur clef de succès ??


Tu étudies et les autres prennent de l’avance, tu n’étudies pas et tu prends du retard pour ton futur. Vous comprenez mieux le dilemme ?

Ajoutez à cela les « parties prenantes » de votre projet de vie…Vos parents, vos coaches, vos amis, vos « connaissances », les anciens champions… et vous obtenez un cocktail molotov de recommandations divergentes qui ne vous aident guère.

En 2007, ce fut pour moi un vrai sentiment de solitude que de devoir choisir. Je voulais réussir en tout, et jusqu’au bac, le dispositif mis en place par la fédération marchait très bien…car les sportifs travaillaient autant que moi et mes amis « normaux » avançaient au même rythme scolaire. Le problème, c’est que le système « ski étude » est très bien rôdé jusqu’au bac, beaucoup moins par la suite. (même si cela s’est amélioré depuis). L’athlète devient le moteur de son double projet et rien ni personne ne soutient le lien entre ces deux secteurs. Mes amis toulousains sont partis en école de commerce, en école d’ingénieurs, etc…et moi j’ai eu peur…peur de me retrouver « sans rien » (le dicton si bien connu du « si tu ne travailles pas à l’école tu finiras dans la rue »), et coïncidence ou pas, je me suis blessée et on m’a annoncé ma fin de carrière…à 19 ans. Rien dedans et rien dehors !

Alors j’ai fait un choix fait d’une multitude de projets à court terme. Me remettre sur pieds, reskier et prendre du retard mais essayer de limiter la casse dans mes études.

Pour perdre le moins de temps possible sur les sportifs j’ai suivi mes études au printemps pendant la période de vacances, de mi-avril à fin mai. Pour limiter mon retard en étude, je passais la moitié de l’année en un mois et demi. Et je croyais que c’était la bonne voie que j’avais emprunté.

Un burn out en 2015 m’a prouvé que j’avais tort. Les vacances font, elles aussi, partie du réservoir de performances d’un athlète et je ne crois pas (du moins plus) que ce soit une bonne chose que de minorer leur pouvoir. Coïncidence ou pas, je fais la meilleure saison de ma carrière après avoir pris les premières vacances de ma vie et mis en stand-by la partie étude.

Alors quelle conclusion ?

Mon rapport serait celui-ci et je l’adresse à tous parents et à tous coachs. Libre à vous de le prendre en considération of course.

Ne soumettez jamais votre vision à l’athlète qui pourrait l'influencer et de facto le contraindre par défaut mais soyez toujours ok avec ses envies et considérez aussi que celles-ci peuvent évoluer. Ne l’enfermez pas dans un carcan qu’il aurait choisi au départ car c’est une décision très difficile à prendre et c’est souvent en l’expérimentant que l’on peut confirmer son choix. En revanche, quelque soit la décision prise, assurez vous de toujours lui donner l’accès au 2ème choix en lui facilitant la tâche : Si l’athlète désire faire des études (autres que l’IUT d’Annecy pour les skieurs qui est un dispositif déjà bien étudié) , l’aider (vraiment) à lui faire sentir qu’il ne prendra pas de retard dans son projet sportif en aménageant avec lui son programme et en faisant la passerelle (imaginer le poste de secrétariat) entre les 2. Si l’athlète ne choisit pas de poursuivre ses études, ce n’est pas par flemmardise, c’est parce qu’il ne conçoit pas la réussite de sa carrière s’il admet des concessions. C’est alors à vous de lui proposer des sortes d’alternatives, des choses assez simples en somme mais qui veilleront à lui donner et à lui faire reconnaître des compétences qu’il engrange sans avoir un diplôme à poser dessus. En exemple : montrer la partie « technique » du coaching, la prise en main de certains outils informatiques, la partie « management », la partie « budget ». Et pour des parents, tout simplement la transmission du savoir de son propre métier est déjà intéressante parce qu’il influence grandement notre reconversion primo et parce qu’il permet déjà à l’athlète de s’imaginer transférer certaines de ses qualités dans une voie ou un secteur de métier.

A l'aube du reconversion dans le conseil, je regrette de n'avoir pas pris excel plus en main, de ne pas avoir demandé à la fédération quel type d'organisation elle avait choisi et pourquoi ce choix, quelle était la législation en vigueur dans le domaine sportif,...je peux toujours le faire, mais comme dis plus haut le temps ne se rattrape pas. Et qu vu de tout ce que je dois apprendre chaque jour maintenant, je crois que je vais en manquer :)

biz