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Retrouvez ici toutes mes actus et autres billets d’humeur...

«  - Docteur, j'ai des douleurs inexpliquées sur le pied le lundi, à la malléole externe le mardi, au tibia au le mercredi et le jeudi tout va bien...Un diagnostique?

- Ah mademoiselle, je crains que vous ne souffriez d'algodystrophie certains jours...et d'algoneurodystophie les jours restants.

- Je vois...et ça se guérit comment ce truc imprononçable ?

- Le temps mademoiselle, le temps....

- Hein ?! Mais...Combien de temps  ? Quel protocole ? Des cas antérieurs résolus assez vite ? Une potion miracle ?

- Chaque cas est particulier mais ne soyez pas pressée, cela augmenterait votre stress. Or l'anxiété alimente l'algo...

- Super. Une fourchette ?

- Entre quelques jours et plusieurs années.

- Un rateau donc...des pistes à explorer ?

- Ecoutez vos douleurs.

- Okééé… Je reviens faire l'IRM de contrôle dans un mois ?

- Ah non cela ne sert à rien, ce sera trop tôt...dans 3 mois plutôt.

- WHAAAAAT?!?!? »

Cette conversation n'a pas eu lieu mais je trouve qu'elle résume bien les infos que l'on nous donne lorsqu'une algo est diagnostiquée.

Après avoir passé 6 semaines dans le plâtre et effectué deux semaines de rééducation pour une fracture bénigne de la malléole, j'ai voulu reprendre le ski le 23 avril dernier. Peut-être un poil tôt mais pas contre-indiqué par les médecins. Bien m'en a pris car c'est à la suite de cette affreuse journée à Tignes, ponctuée par des douleurs atroces, que j'ai enfin demandé des examens complémentaires. A l'IRM, j'entends à travers la porte « le patient présente un important retard de consolidation osseuse et des signes algodystophiques intenses .» Pouah ! Le pauvre ! Intense en plus ! Si on m'a bien prévenu d'un truc depuis que je me suis blessée, c'est qu'il faut éviter à TOUT PRIX l'algodystrophie. Je ne sais pas ce que c'est mais j'ai l'impression que c'est un mot tabou, un peu fourre-tout qui veut dire « on sait quand ça attaque mais pas pourquoi, ni comment et surtout pas quand ça finit ». L'enfer pour nous, les athlètes qui chassons le temps à coup de centièmes ! Quand le mot « péroné » me parvient aux oreilles, je ne peux m'empêcher de demander au médecin et son dictaphone de me dire le nom du patient en question.

« -Votre nom ?

-Barthet.

-Ah c'est vous la skieuse! Voyons ...Et bien vous n'avez sûrement pas dû respecter le protocole de guérison, je suis en train de faire votre rapport, c'est pas joli joli ! »

Heu...je le tape tout de suite ou j'attends un peu ? Bon calme toi et souris.

« - C'est-à-dire ?

- Vous souffrez d'algodystrophie qui se traduit par une déminéralisation osseuse et une inflammation des tissus.

- Très bien »

Inutile de discuter plus longuement avec cette personne, qui ne m'a rien fait en soi mais que je déteste.

Premier réflexe, appeler mon médecin Steph Bulle qui se veut rassurant. Deuxième réflexe, oublier les paroles de Steph et regarder ce truc sur internet. Bilan:  il y en a pour des années, c'est la fin du monde, mon articulation va s'enraidir, j'aurais de l'arthrose et je serais handicapée toute ma vie. Merci Google...

Trois minutes passent, le temps qu'un taxi vienne me chercher, ça suffit amplement pour l'épisode des larmes. Il est temps de réfléchir, et d'appeler toutes mes connaissances pour savoir quoi faire. Benoit Hennart d'abord, mon kiné, il connaît mieux mon corps que moi ! Dr Cavaignac, chirurgien orthopédique ensuite. Le verdict tombe: Opération pour mettre des visses dimanche à 8h.

On est vendredi, ce qui me laisse 48h de courtoisie envers mon copain avant de lui refaire la sérénade de la fille plâtrée pendant 6 semaines.
« Allo Romain ? Tu arrives à quelle heure à Toulouse ? Il faut que je te dise quelque chose...les vacances au Maroc...hôpital dimanche...visses...6 semaines...algo...on sait pas trop. » Héhé...Grâce à moi, cet homme ne connaît pas la routine, je lui donne une visibilité de 72h maximum et notre vie est remplie de surprise comme celle-ci. Quel veinard d'être avec moi depuis 4 ans !

Les deux jours de répis sont donc consacrés à annuler les vols, les hôtels et à replanifier des vacances qui excluent le voyage en avion, le sable, les cailloux (pour pousser le fauteuil)...et qui requiert de ne pas trop s'éloigner de l'hôpital si il y avait un souci : La France donc. C'est très bien la France après tout ! Je ne connais pas si bien que ça la partie ouest et je n'essuie pas de rebut de Romain à l'idée de partir en Bretagne (oui, il est sympa). Les fruits de mer, les bigoudènes, les chapeaux ronds, les châteaux,... voilà qui me remonte le moral en flèche. Direction l'hosto puis nous mettrons le cap sur Quiberon pour remonter la côte.

C'était bien ces vacances, mais je compatis maintenant avec les gens en fauteuil sur plusieurs points : la mobilité en fauteuil est effectivement bien difficile lorsque l'on décide d'aller voir la pointe du raz ou la côte de granit rose ; la privation au niveau de la diététique est terrible... je suis, au moment où j'écris ces mots, privée de glucide à partir de 18h pour pouvoir perdre tout le gras accumulé pendant cette période. Il me semblait pourtant que les fruits de mer ne faisaient pas grossir...(mais je crois que les traîtres se cachaient dans le verre de Suze ou de Chouchen en apéro, la mayonnaise et les crêpes.)

J'ai enfin pu quitter mon plâtre le 8 Juin et mes béquilles début Août. Trois semaines plus tard, je remontais sur les planches aux Deux Alpes. Hourra! Le problème entre l'algo et moi, c'est que je suis d'un naturel positif et qu'elle est déprimante. Si j'ai pris le dessus le 1er jour du stage avec un sourire figé sur mon visage du matin au soir, elle a clairement gagné au bout du 4ème jour, me mettant le moral dans les chaussettes. Je suis encore allée trop vite ; les progrès sont là mais le ski à haut niveau est encore loin.

J'ai « profité » de ma blessure pour faire un stage dans le conseil chez EY. Je suis chez le kiné tôt le matin, puis à la tour First durant la journée que je clôture par une séance d'analytique dans une salle de muscu ou une séance de natation à Courbevoie.

C'est un rythme soutenu qui me permet de ne pas penser au temps qui défile mais qui me fait détester Paris. Métro, kiné, métro, tour, muscu, métro, dodo. Pas un théâtre, pas un cinéma, pas un musée en 3 mois...c'est ça la vie à la capitale? Moi qui me pensait citadine, je suis en fait devenue une vraie savoyarde. Ma décision est prise, je ferai ma reconversion à Lyon pour rester près des montagnes.

Octobre arrive enfin et j'appréhende un peu le retour sur les skis. Mais là aussi, j'ai fait un choix, si les douleurs sont aussi vives qu'au mois d'Août j'annoncerai ma retraite et je l'accepterais sereinement car ce sera un soulagement pour mon corps. Je ne suis donc pas anxieuse face à la situation mais juste à la souffrance que pourraient m'infliger encore une fois mes chaussures de ski.
Je suis la première surprise quand je termine mon premier stage en ayant pu skier 7 jours d'affilée au glacier du Stelvio en Italie. Wow, j'ai battu l'algo ! Je reste néanmoins prudente lorsque mes proches me demandent des nouvelles car elle a gagné tellement de rounds jusqu'à présent cette sournoise...

L'algo se tient à carreau durant les jours qui suivent et je commence même à lui être reconnaissante. Peut-être joue-t-elle le rôle de garde fou ? Un deuxième stage puis un troisième ont lieu à Tignes, et les douleurs restent acceptables et stagnantes. Peut-être que... ? Le ski produit n'est pas mauvais et le plaisir, lui, est immense. Je ne sais pas encore si l'algo est partie mais elle est plus docile et clémente. Je la ménage encore un peu mais j'ai l'impression que l'on s'apprivoise l'une envers l'autre. Départ le 9 Novembre pour les USA, affaire à suivre... ;)

 

Voici mon protocole de rééducation de l'algo, au cas où vous connaîtriez quelqu'un qui en souffre:

A demander à la pharmacie :

5mL matin et soir de potion cassis/ curcuma/ reine des prés

Vitamine C

Rexorubia (homéopathie, peut-être que c'est ça aussi qui m'a fait grossir tellement j'en ai mangé !! :)

2 gélules de Protéochoc, 5 jours par semaine (se trouve en pharmacie)

A faire chez le kiné :

Tape de drainage

Mode tens et capillarisation sur le Compex ( électrostimulation que vous pouvez faire vous si vous avez l'appareil)

massage de mobilisation trèèèèès doux

45 minutes d'Alter-G trois fois par semaine (20% du poids de corps en marchant, puis 30%, etc...puis course à 20% poids de corps, puis 30%, etc...), vous pouvez aussi le faire en piscine avec de l'eau jusqu'aux épaules, puis à la poitrine, etc...

A faire tout seul :

séances de natation ( avec pull buoy, puis battement léger, puis battement , puis brasse)

bain écossais (1 bassine d'eau chaude, 1 bassine d'eau froide en alternant)

méditation pour calmer l'anxiété et le stress. (application Petit Bambou)

Relever les pieds du lit avec des livres

A faire chez un practicien :

Acupuncture (1 séance/ mois)

Ostéopathie (1 séance/ mois)

Si il y a un centre près de chez vous :

20 séances de caisson hyperbar

De manière générale :

Rester dans une zone de douleur raisonnable (maxi 4/10)