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2018 s'achève...et avec elles des expériences impérissables. 
Janvier: Je décide de partir avec le groupe vitesse de la Coupe du Monde, ne trouvant plus de solution avec mes coachs en technique pour aller vite en ski, pour retrouver le sourire sur les skis. Les débuts sont laborieux car les conditions ne nous permettent pas de nous entraîner et j'attaque ma "nouvelle vie" sur la descente de Bad Kleinkirchen verglacée. J'ai connu mieux comme début. Pour autant, je marque mes premiers points en Super-G à Cortina, l'endroit où je prendrai mon premier départ en Coupe du Monde cette année. 

Février: La sérénité des coaches de la vitesse me fait du bien et leur discours en slalom me permet de revenir sur des choses simples, les sensations reviennent et je termine 7ème de la Coupe du Monde à Lenzehreide qui me permet de valider mon ticket pour mes 4eme JO en Super Combi. Je profite de ces Jeux comme jamais auparavant sachant que ce seront les derniers. Malheureusement je croise les skis sur la dernière piste d'échauff et me fracture le péroné. Le ski est un sport ingrat des fois.

Mars: Je prends mon mal en patience sachant que ma fracture est bénine et qu'elle ne devrait durer que 6 semaines. J'appelle la FFS pour annoncer la poursuite de ma carrière avec en ligne de mire les mondiaux en Super Combi. Je décide aussi d'engager mon technicien perso pour me suivre durant l'hiver.

Avril: Je rattaque le ski avec des douleurs insupportables. Je demande des examens complémentaires. Mon os ne s'est pas du tout calcifiée et je fais une algoneurodystrophie "intense". Je repasse pour la 6ème fois de ma carrière sur le billard pour mettre des visses. Rebelote pour 6 semaines de plâtre.

Mai: Je tente tant bien que mal de profiter de la vie en fauteuil. Respect à tous les athlètes handisport. Je m'engage avec EY, société d'audit et de conseil pour faire un stage de 3 mois à Paris, dans le département "GPS" (Global Public Sector). En attendant la rentrée, je passe 4 heures par jour dans un caisson hyperbar avec des personnes en rémission de cancer et des diabétiques. Respect pour ces personnes pleines de courage qui m'émeuent par leur empathie à mon égard alors que ma situation est bien moins critique que la leur. Je teste l'hypnose.

Juin: J'enlève mon plâtre et je comprends que la rééducation va être trèèèès longue. J'attaque ma vie de parisienne en combinant kiné le matin tôt, bureau la journée et séance de travail analytique le soir. Je suis un peu perdue dans cette Tour où 5000 personnes travaillent chaque jour. Je me présente alors devant les "ADM" (Associés, Directeurs, Managers) et commence à prendre mes repères auprès de chacun d'eux.

Juillet: Kiné-Métro-Boulot-Sport-Métro-Dodo...le tout en béquille. On est loin du cliché que je m'étais faite de la vie parisienne lorsque j'étudiais à Sciences Po. J'ai peur le 13 Juillet dans ma Tour lorsque je vois le convoi de l'armée de l'air faire sa répétition. Je suis devenue une vraie montagnarde en fait.

Août: Je découvre ce qu'est la France "endormie". Elle est pas mal cette Tour en mode fantôme, j'arpente les couloirs en fauteuil pour me faire les ischios, je monte les marches des 30 étages pour les fessiers...Bref, je m'embête un peu devant mon ordi à faire des "WBLs" (formations en ligne). Je tente de skier aux Deux Alpes avec mon ancien technicien à mes côtés. C'est la déconfiture totale. Notre relation se dégrade au cours du stage et je souffre le martyre dans mes chaussures de ski. 

Septembre: Je retourne à Paris la mort dans l'âme, je continue le kiné et la natation mais j'ai le coeur lourd et je préviens mes proches que je réessaierai de skier en Octobre mais qu'il y a de fortes chances pour que je prenne ma retraite. Je ne cherche même plus de candidat pour le poste de technicien. Je m'investis plus dans mon stage chez EY qui prend fin le 26 Septembre et l'une des missions, sur les futures solutions concernant la mobilité urbaine à Toulouse, me passionne. 

Octobre:. La date fatidique approche mais je relativise maintenant et je préviens les coachs que je ne sais vraiment pas comment le stage va se dérouler. Je reste prudente au moment de faire mon bilan du 1er jour, je me fais plaisir le 2eme jour à skier en libre et j'apparais en tenue de slalom le 3eme jour sous le regard étonné des entraîneurs, "c'est juste pour voir ma douleur à l'impact du piquet". Ca passe. Le bonheur. Je serre un peu les dents les 3 premières pistes mais la douleur s'estompe après l'échauffement et le jourd'après n'est pas pire que la veille. Je skie 7 jours d'affilée. Je refais un autre stage de slalom à TIgnes puis encore un autre...Merde. J'ai pas de technos! Branle bas le combat, il me faut trouver des sponsors et une personne de confiance, motivée pour s'occuper de mes skis. Il faut aussi aller chez Head pour faire des nouvelles chaussures. C'est le "rush hour".

Novembre: Je fais la connaissance de Lucas, un charpentier l'été et moniteur de ski l'hiver. Il est jeune mais il me semble consciencieux, disponible, curieux...il me plaît! Alléllulia! Pour les sponsors c'est un peu plus compliqué, les budgets pour l'hiver sont bouclés. Le groupe Immobilier Savoie Léman répond présent mais leur partenariat ne comble pas la perte de mon sponsor principal qui était Diot Montagne. Le Toulouse Football Club renouvèle notre partenariat. L'armée me garde pour une année et DLM me loue un véhicule à un prix réduit....mais ce n'est pas encore assez pour couvrir mes frais. Tant pis, je casse ma tirelire pour partir aux USA avec Lucas. La piste me confirme que j'ai fait le bon choix, la reprise en vitesse se fait progressive et le stage est très constructif. A mon retour, je pars en Norvège pour des COupes d'Europe de vitesse. Lucas ne vient pas faute de moyens et je me plante complètement dans le choix du modèle de skis pour la course. J'ai des 45m de rayon aux pieds et le tracé de Super G est à 38m. Je termine dans le ventre mou du classement mais mon voyage dans le Nord n'est pas vain puisque je repars de chez les Vikings avec une victoire en Super Combiné après une remontée de 28 places lors du Slalom le lendemain.

Décembre: Je continue sur la Coupe d'Europe de vitesse après un stage en Italie avec la Coupe du Monde. Mon genou est un peu récalcitrant lorsque je débarque sur le site de la course à Zauchensee en Autriche. Je tente la ponction sans grand succès. Je quitte le site avec une 15eme place en Descente et une 8ème en Super G. C'est mieux et Lucas, à mes côtés, continue de gagner ma confiance par son travail. Je rentre encourager mes amies qui courent à Courchevel, et profite pour faire du réseautage. J'ai mal aux zigomatiques à force de sourire. Je retourne dans le Sud pour Noël, une première depuis au moins 10 ans.  J'apprends que je serai au départ de Cortina le 16 Janvier pour la Coupe du Monde,...Je n'ai plus besoin de cadeau, je me tourne vers 2019 avec joie.

P.S: J'ai une grosse pensée pour mes amies, Taïna d'abord, qui se fait opérer le 3 Janvier pour une rupture du LCA et Adeline dont la saison vient de s'achever brutalement pour les mêmes raisons. Comme dit plus haut, le ski procure des sensations que peu de sport combinent, mais il est aussi ingrat qu'il en est beau. Nous sommes des passionées, elles sont des guerrières et je souhaite de tout mon coeur que leur année 2019 s'achève comme (ou mieux! que)  ma 2018.